En Conversation avec Bérénice Sabin
une interview réalisée par Laureline Latour

Bérénice Sabin est une plasticienne autodidacte de 31 ans qui se spécialise dans le surréalisme, l’art abstrait, le modelage et la photographie numérique. C’est lors du premier confinement de 2020 lié à la Covid-19 qu’elle se consacre à la peinture et développe un art surréaliste, conscient et ésotérique. L’artiste pluridisciplinaire puise son inspiration dans la méditation, la contemplation de l’océan, la lecture et les animés mangas, inspirée par les essais de la regrettée Bell Hooks, autrice queer afrofeministe connue pour ses écrits sur la sexualité, le genre et la race et par l’astrophysicien et vulgarisateur Trinh Xuan Thuan qui n’hésite pas à allier les sciences physiques avec la spiritualité bouddhiste et taoïste. Éclectique, la musique est un outil indispensable dans son processus de création .
C’est à travers des œuvres immersives que l’artiste s’affranchit des contraintes du réel pour questionner la place de la santé mentale, les émotions et l’identité de genre à travers la féminité et le féminisme. Dans Fenêtres ouvertes elle nous invite à voyager dans les profondeurs des océans surréalistes pour parler du sentiment d’enfermement et d’isolement et comment elle a su recréer une réalité grâce à l’introspection. Le modelage est le processus final de son travail, c’est la naissance physique de ses idées créatives, elle souhaite valoriser l’importance de la matière à travers le corps physique. « J’explore la volonté de liberté en imaginant l’océan comme moyen d’émancipation du corps et de l’esprit, les œuvres abstraites dans Flou cosmique sont le point de départ de cette conscientisation. »

Dans sa dernière collection Entité, Bérénice utilise plusieurs médiums différents dont la photographie et le modelage Elle nous raconte l’histoire surréaliste d’un extraterrestre qui serait né depuis les profondeurs d’un Océan nommé La Vulvavagina. Entre féminisme sacré, non-binarisme et ésotérisme cosmique, on va à la rencontre d’un être particulier qui souhaite créer une connexion avec les êtres humains dans l’amour universel.

1. Quand as-tu commencé la peinture et pourquoi ? As-tu eu un déclic ?
Mon art s’est développé après un burn-out, au fur et à mesure de mes introspections et pendant le confinement je me suis intéressé.e à ce que je pouvais incarner sur Terre et je me suis posée une question : “Qui suis-je vraiment?”.
C’est à cet instant que j’ai utilisé la peinture comme médium d’expression pour répondre à mes questions existentielles.
2. Ta pratique artistique est plutôt surréaliste, est-ce un choix ? Si oui, pourquoi ?
Je me suis toujours senti.e different.e de la norme, une sorte d’alien neurodivergent.e qui vit en dehors des cases. C’est pour cette raison que le mouvement surréaliste est venu à moi. Après avoir conscientisé mon originalité, j'ai ressenti le besoin de plonger à l’intérieur de moi-même pour voir ce qui se passait et j’ai découvert un monde incroyable où les émotions étaient vivantes, colorées et texturées.
Il y a tout un univers qui vit et qui foisonne à l’intérieur de moi-même et il fallait que je l’extériorise et que je le partage avec mon entourage et le monde.
